LE SILENCE

Pourquoi taire les choses les plus graves? Le silence ne contribue-t-il pas à perpétuer la souffrance? Des années 1950 aux années 1980, des prêtres catholiques ont commis de nombreux abus sexuels sur de jeunes garçons dans plusieurs villages francophones du Nouveau-Brunswick. Mis au grand jour alors que les victimes avaient atteint la cinquantaine, ces scandales ont provoqué effarement et indignation dans les médias et l’opinion publique. Pourquoi les communautés affectées ont-elles si longtemps préféré le secret à la justice et à la vérité? Profitant de leur influence pour imposer un «silence pieux» à leurs paroissiens, plusieurs figures d’autorité ont construit une véritable structure d’abus qui témoigne tout autant des oppressions propres aux populations acadiennes que du déni systémique de l’Église catholique. Interpellée par la puissance du silence collectif, la cinéaste chevronnée Renée Blanchar cherche à en démêler les causes profondes en allant à la rencontre des survivants. Avec le film Le silence, elle nous amène au plus près de l’humanité de ces hommes brisés, et révèle ce qui unit et désunit, hier comme aujourd’hui, les communautés acadiennes.

Originaire de Caraquet, au Nouveau-Brunswick, la cinéaste acadienne Renée Blanchar s’exile une dizaine d’années au cours desquelles elle obtient d’abord un baccalauréat ès arts en communication de l’Université d’Ottawa, puis un diplôme en réalisation de la Fondation européenne pour les métiers de l’image et du son (FEMIS) à Paris. Première Canadienne diplômée de cette prestigieuse école de cinéma, elle fait le choix de retourner vivre dans la Péninsule acadienne, un lieu de sens pour elle, d’où elle parle du monde au monde. Depuis, elle mène une solide carrière dans le milieu de la télévision et du cinéma. Son parcours, à bien des égards, s’avère précurseur tant pour la cinématographie acadienne que pour la place des femmes dans l’industrie. En 1989, elle est, sous la présidence de Wim Wenders, la plus jeune jurée de l’histoire du Festival de Cannes. En fiction, Renée se démarque en étant pendant cinq saisons à la barre de la télésérie Belle-Baie (2008-2012). Elle demeure la seule femme à avoir été mise en nomination aux prix Gémeaux pour la scénarisation et la réalisation d’une même télésérie. En documentaire, Renée se distingue par la force de ses sujets et un talent singulier pour révéler l’humanité de ses protagonistes. Raoul Léger, la vérité morcelée (2002) et On a tué l’Enfant-Jésus (2007) remportent chacun le prix La vague du meilleur film acadien au Festival du cinéma francophone en Acadie (FICFA). Les héritiers du club (2014) et Nos hommes dans l’Ouest (2017) sont tous deux présentés en ouverture du FICFA, résonnant fort dans leur milieu et au-delà. Ils constituent les deux premiers volets d’une trilogie que vient clore son plus récent film, Le silence (2020), où elle aborde la délicate question des abus sexuels perpétrés par des prêtres catholiques en Acadie. Opposant la parole au silence, elle signe ici une œuvre bouleversante, personnelle, nécessaire.

Réalisation
Renée Blanchar
Son
Sylvain Bellemare
Image
Philippe Lavalette
Montage
Elric Robichon
Musique
Jean-François Mallet
Scénario
Renée Blanchar
Distribution
Office national du film du Canada
Production
Ça Tourne Productions
Office national du film du Canada